En prévision du Nouvel An chinois, ce mois de janvier est consacré à l'Asie pour…
Mauvaise Mère – un livre poignant sur les blessures de l’adoption
Accueillir son enfant dans son foyer est le début d’une belle histoire. Et quand cet enfant a connu la misère et la séparation d’avec sa famille biologique, que l’on a soi-même eu des difficultés ou une impossibilité à concevoir, bref quand cet enfant qu’on accueille est adopté, c’est le début d’un rêve. De belles histoires, l’adoption en compte des milliers, heureusement. Mais comme toujours dans la vie, le rêve peut tourner au cauchemar. C’est ce cauchemar que raconte Mauvaise Mère, le livre de Judith Norman.
Le titre apparaît sans ponctuation car comme le raconte souvent Judith Norman dans les interviews, le lecteur y mettra le ton qu’il voudra. Chacun est libre de son point de vue, cette mère nous livre juste son histoire.
Mauvaise Mère part d’un évènement marquant par sa violence. Le jour de son 32ème anniversaire, Mina, la fille adoptive de Judith assène insultes et coups à sa mère qui n’avait pas prévu de foie gras avec le champagne. Judith est blessée physiquement et psychologiquement. Ce jour marque alors le début d’une période de 5 mois durant lesquels malgré tout l’amour que Judith porte à sa fille, elle refusera de la voir afin de se protéger. Judith va alors se battre pour rétablir une relation saine entre elle et son mari, en essayant notamment de lui faire réaliser qu’il ne peut pas rester complètement soumis à sa fille. Mais elle va aussi se battre pour faire comprendre que cet éloignement ne remet pas en cause son amour pour Mina, car malgré toutes les difficultés elle reste sa fille.
Loin des histoires idylliques d’enfants adoptés trouvant leur salut grâce à leur nouveau foyer, celle de Judith et Mina nous enseigne que parfois tout l’amour du Monde ne suffit pas. Mina, cette petite fille dénutrie venue d’Éthiopie à l’âge d’un an a vite repris des forces physiquement. Mais les blessures d’amour sont parfois impossible à guérir, même par une maman aimante et un papa dévoué. Et Judith Norman l’explique parfaitement :
“À quel moment notre vie avec Mina avait-elle basculé ? Avions-nous cru, comme certains, que l’adoption était un conte de fées ? Non. Il y a tant de blessures à colmater, nous savions que ce ne serait pas facile ! Rien n’est automatique. L’amour ne peut pas tout, même si l’on y croit très fort. La “chance” d’être adopté, disent les ignorants ! Pour les parents en mal d’enfant peut-être mais pour l’enfant, pas une chance ce qui lui arrive : il n’a rien demandé ! Abandonné “pour son bien”, cette phrase qui carillonne dans leur tête et que jamais les parents, même les plus aimants ne pourront effacer.”
(chapitre 5)
Au-delà du thème de l’adoption, Mauvaise Mère est aussi un fabuleux récit sur la difficulté de rester un couple lorsque l’on est parents (et qui plus est lorsque les relations avec son enfant sont difficiles). C’est un livre sur l’ambiguïté des mères (et des pères) dont l’amour n’est jamais remis en question, même lorsque l’enfant leur fait vivre l’enfer.
Je pourrai vous parler de ce livre pendant longtemps tant il m’a touchée, mais je pense que le mieux c’est que vous le lisiez. Judith Norman nous livre son expérience sans chercher la pitié, sans accuser personne, sans prétendre connaître la solution, mais avec beaucoup de courage.
Judith Norman, Mauvaise Mère, Ed. Les liens qui libèrent, 2016
Merci aux éditions Les liens qui libèrent pour l’envoi de ce livre bouleversant.
Pour en savoir plus sur le livre, retrouver deux interviews de Judith Norman :
Elle fût l’invitée des Maternelles sur France 5 et de LCI.
17/05/2016 à 13:14
un livre bien difficile , j’imagine, on le voit bien que tu es touchée….je vais regarder à ma biblio, je te dirai..bisous
17/05/2016 à 13:45
Je te le conseille. Il m’a touchée c’est vrai !