Lors de notre dernière virée à la médiathèque, nous avons découvert un coffret de trois…
Comment j’ai encouragé ma fille à gérer ses relations sans violence
Il y a encore quelques mois, j’entendais régulièrement cette réflexion qui me hérissait le poil : “Colombe est trop gentille ! Elle se laisse dominer par les autres !”
Colombe était loin de se faire martyriser par les autres enfants. Elle ne s’est jamais fait mordre ou même frapper et elle a de bons amis à la crèche. Mais quand un enfant lui arrachait un jouet des mains, elle ne réagissait pas. Parfois, elle regardait l’enfant d’un air surpris, puis un peu à contre cœur elle allait chercher un autre jouet. Parfois, le vivant plus mal, elle restait les mains vides et se mettait à pleurer à chaudes larmes.
Si cette période n’a pas été facile à vivre pour elle, elle ne l’a pas été non plus pour moi. Non seulement je voyais la détresse et l’incompréhension de ma fille, mais je devais subir les critiques de certains adultes qui ne voyaient en elle qu’une victime (avec une connotation très négative). Ces adultes qui estiment savoir mieux que nous ce que nous devrions faire pour notre enfant, puisqu’ils savent tout sur l’éducation et que leurs enfants à eux sont (ou seront parce que niveau conseils les nullipares ne sont pas en reste ^^) forcément parfaits !
J’en ai entendu des réflexions ! Voici un petit florilège :
-Elle est trop gentille.
Euh… trop gentille ? Vraiment ? Parce que ça n’est pas bien d’être gentil ? Moi je dirai qu’elle est gentille c’est tout. Et qu’en expliquant pas à ton gosse qu’on n’arrache pas des mains, tu en fais un modèle d’égoïsme !
-L’école lui fera du bien, il faut qu’elle apprenne la vie en collectivité.
Quand tu parles d’apprendre la vie en collectivité, tu sous-entends qu’il faut qu’elle apprenne à mettre un rouste à ses congénères, non ? Ma fille connaît la collectivité depuis ses 8 mois et l’équipe encadrante et moi lui avons appris à respecter ses camarades plutôt qu’à les maltraiter. Ça n’est certainement pas en apprenant à nos enfants à faire régner un régime de terreur qu’on leur permettra de s’épanouir.
-Joue à la bagarre avec elle, elle apprendra à se défendre.
Non. On ne tape pas. On ne tape pas pour de vrai, on ne tape pas pour jouer. On ne tape ni son ami, ni le petit garçon qui nous embête, ni personne.
-Arrache le jouet de la main de l’autre enfant !
Je n’ai pas à élever les enfants des autres. Par contre je dois élever les miens et je pense que l’éducation passe avant tout par l’exemple. Quel exemple montrerai-je si je faisais devant ma fille ce que je lui interdit de faire ?
-Tu la couves trop.
C’est mon rôle d’assurer à mes enfants un environnement dans lequel ils se sentiront en sécurité. J’encourage mes enfants à aller vers les autres et à découvrir de nouveaux lieux, mais je ne les y force pas. Alors pour certains, je couve trop ma fille. Selon moi, je ne fais que l’accompagner.
-Arrache-lui les jouets des mains pour qu’elle s’y habitue !
Je ne reviens pas sur la notion d’exemple… Ni sur le fait que je suis là pour assurer à mon enfant un environnement sûr afin qu’il s’épanouisse… Non, en fait je ne réponds même pas à ça !
À force de chercher des solutions, de me remettre en question, j’ai fini par me laisser atteindre par ce genre de réflexions et par douter de mes méthodes. Mais une de mes proches ayant une longue expérience auprès des jeunes enfants a su trouver les mots qui m’ont aidée à retrouver confiance en moi : “Ta fille n’est pas une victime. Elle a parfaitement intégré le fait que l’on n’arrache pas des mains, et c’est pour cela qu’elle se sent perdue quand cela lui arrive.”
Voilà donc quelques conseils qui ont aidé Colombe à trouver une réponse non violente face aux actes déplaisants des autres enfants :
-Intervenir auprès de son enfant
Si le fils de la voisine pousse ma fille, ma préoccupation ne doit pas être le fils de la voisine, mais ma fille ! Alors quand cela arrive sous mes yeux, je vais voir Colombe pour la rassurer. Je lui explique que le garçon qui l’a poussée a effectivement fait une bêtise et que je comprends qu’elle soit en colère contre lui. Et comme généralement la voisine intervient auprès de son fils, je le fais remarquer à Colombe. Le simple fait de voir que le petit garçon s’est fait reprendre par sa maman rassure Colombe. Elle comprend alors qu’il n’a pas plus de droits qu’elle, même s’il vient de les outrepasser !
-Indiquer à son enfant qu’il a le droit de se défendre, mais pas n’importe comment
Bien évidemment il n’est pas question de faire preuve de violence. Mais l’enfant a le droit de montrer son mécontentement. Quand Colombe se trouvait démunie face à une injustice, je lui rappelais toujours qu’elle pouvait dire “non”. Avec des mots simples comme : “Tu as le droit de lui dire que ça n’est pas gentil de te pousser”, “Tu étais en train de jouer avec ce camion, tu peux lui dire qu’il n’a pas à le prendre et qu’il l’aura quand tu auras fini”… Colombe se sentait rassurée. Bien entendu, elle n’a pas immédiatement osé s’exprimer, mais petit à petit elle s’est sentie plus en confiance pour le faire. Il a fallu aussi ajuster un peu son geste, car en prenant confiance, elle a aussi commencé à tester.
–Choisir ses amis
Attention, il ne s’agit pas d’interdire certaines relations et d’en imposer d’autres. Le choix final revient à l’enfant, mais en tant que parents on peut aussi l’orienter. Je propose souvent à Colombe d’aller rencontrer d’autres enfants lorsque nous sommes au parc, mais je m’assure toujours du comportement de l’enfant avant de le lui montrer. Je souhaite qu’elle se fasse des amis et qu’elle passe un bon moment, je ne veux pas à tout prix la confronter aux problèmes. Alors si un enfant a tendance à brutaliser les autres, je fais en sorte que Colombe ne joue pas trop près de lui.
Dans la même optique, je choisis aussi mes amies. Même si un enfant a tendance à prendre les jouets des autres, ce qui compte le plus reste pour moi la réaction des parents. Une maman qui ne réagit pas lorsque son enfant fait du mal aux autres lui laisse croire que c’est acceptable. Certains enfants ont encore besoin d’expérimenter ce qu’ils ont le droit de faire avec les autres, il ne faut pas en faire tout un plat. Et si ses parents interviennent, cela leur passera !
-S’accorder sur une ligne de conduite
Cela paraît évident, mais je le rappelle car c’est essentiel. Nous n’avons pu guider Colombe que parce qu’elle retrouvait une cohérence dans notre manière de gérer les choses et dans celle du personnel de la crèche.
-Privilégier le partage et les jeux collectifs
Pour apprendre à se faire respecter, il faut aussi apprendre à respecter les autres. Nous avons donc régulièrement incité Colombe à prêter ses jouets (en lui rappelant toujours que ceux-ci lui seraient rendus !) et à jouer avec ses amis ou son petit frère. En organisant des jeux à plusieurs (avec des parents sur la même longueur d’onde que nous, hein, pas avec les parents qui se posent sur le banc et nous prennent pour la nounou !) nous avons multiplié les situations à gérer : “prête-lui ce seau, il te prête sa pelle et chacun rendra le jouet de l’autre à la fin !”, “Non, on ne pousse pas ! Tu dois t’excuser”… Et en gérant ces situations avec Colombe, nous lui avons donner les clés pour les gérer seule.
-Laisser le temps faire son travail
Il a fallu du temps pour que Colombe intègre tous les conseils que nous lui avons donnés, mais finalement elle se laisse moins faire qu’avant. Elle ose de plus en plus rappeler à ses camarades que ce qu’ils font ne lui plaît pas, et elle n’essaye plus jamais de répondre par la force. De l’autre côté, ses camarades évoluent aussi. Celui qui poussait est passé à autre chose, celle qui arrachait les jouets des mains à appris qu’on pouvait jouer ensemble.
Si aujourd’hui Colombe est plus sûre d’elle, il lui arrive encore de mal vivre certains comportements, mais il me semble que c’est normal. L’important pour moi est de réussir à accompagner ma fille et à lui transmettre les valeurs auxquelles je crois comme le respect et la politesse. Et malgré quelques écarts, je suis heureuse qu’elle ne soit pas devenue une petite brute !
Avez-vous aussi dû apprendre à vos enfants à se défendre ? Partagez vos astuces en commentaire ^^
17/09/2015 à 20:25
Je ne reviens pas des réflexions qu’on t’a faites ! Mais les gens sont fous ! Et on s’étonne que les enfants soient violents !
J’avoue que la relation aux autres et la violence, je n’ai pas encore trop à gérer avec Choupie. Elle n’est pas violente avec nous (s’il y a bien quelque chose dont on est contents, c’est de ça : Choupie ne nous a jamais tapés ou mordus pour manifester son mécontentement) et elle n’a pas vraiment l’occasion de fréquenter d’autres enfants quand elle est avec nous.
Je suppose que chez sa nounou, ça doit être autre chose, qu’elle doit avoir sa place au milieu des autres enfants, mais je ne la vois pas en racaille des bac à sables (et puis, c’est presque la plus petite, je pense que les autres enfants ont plutôt tendance à la couver… en tout cas, c’est ce que je vois quand je vais la chercher, qu’ils lui font des caresses). Après, elle a quand même un petit côté princesse, qui exige plus qu’elle ne demande.
Bref, je retiens tes conseils dans un coin de ma tête, pour quand j’en aurai plus l’utilité, parce que je les trouve très chouettes 🙂
18/09/2015 à 08:46
Comme tu le dis, le pire par rapport à ces réflexions, c’est que les gens qui me les ont faites s’étonnent que leurs enfants soient violents !!!
Colombe est, comme Choupie, d’une nature non violente (ou bien est-ce que leurs parents sont de nature non violente et cela déteint sur les enfants ? On pourrait en faire un article… non, une thèse de doctorat ! tant cela pose de questions !) mais la structure de la crèche la confronte à un plus grand nombre d’enfants que si elle allait chez une nounou. Les situations de confrontation ont donc été nombreuses et je suis contente qu’on ait réussi à l’encourager à se faire entendre. J’en ai encore eu confirmation hier quand un grand a failli lui rouler dessus en draisienne : elle s’est posté devant lui et lui a dit “Non ! Tu roules pas sur mes pieds ! Attention !”.
J’espère que ces conseils te seront utiles en temps voulu ^^
17/09/2015 à 21:17
Lapinette a toujours été surprise quand des enfants lui arrachaient ses jouets des mains ou la poussaient.
Elle avait comme Colombe bien intégré que cette façon de procéder n’était ni adaptée ni souhaitable.
En revanche elle a toujours eu la langue bien (trop?) pendue et a spontanément répliqué verbalement pour se défendre.
Arrivée à l’école il lui arrive de pousser pour se défendre ou de “jouer à la bagarre” par mimétisme.
C’est, je crois, avec les gros-mots, inévitable!
18/09/2015 à 08:48
C’est bien que Lapinette ait su répliquer naturellement ! Il nous a fallu du temps avant que Colombe n’ose s’affirmer !
Bien sûr, il lui arrive de taper ou de dire des “gros mots “(ok, le “gros mot” ici c’est caca boudin… rien de méchant ^^), comme tu dis c’est inévitable, il faut bien qu’ils testent. Mais c’est appréciable de voir que ça n’est pas le comportement habituel de son enfant !
18/09/2015 à 03:33
Fripouille a eu un passage ou il voulait les jouets des autres… Mais il regardait soit moi soit sa nourrice d’un air dépité et plein d’espoir que l’adulte lui donne le jouet. Ça a été l’occasion de lui expliquer tout ça!
Par contre parfois lorsqu’il est en colère (grosse colère) il peut taper parfois! Là on lui explique que c’est inacceptable!
De toute façon je crois que toutes les mamans de notre génération ont entendu ce “tu le/la couve trop!” Ça m’agace!
Je crois juste qu’on est un peu plus dans l’écoute et dans la parole…
18/09/2015 à 08:58
Face aux critiques, je pense qu’il faut savoir croire en soit et garder sa ligne de conduite. Et la preuve que le dialogue fonctionne, on a réussi à faire du bon boulot avec nos petits non ? 😉
18/09/2015 à 10:36
on est sur la même longueur d’onde, mais ça je le savais 🙂
en toute franchise, tu veux que je te dise combien de fois j’ai pensé l’année dernière dire à mon filou “mais met lui un coup de boule” attention je rigole mais j’étais tellement exaspérée de l’entendre me dire qu’un tel lui avait fait du mal etc….alors que lui c’est une guimauve, un pacifiste qui n’a pas la notion de rendre le mal par le mal…..mon coeur de maman a bien des fois eu mal, mais avec lui j’ai toujours dialogué et pareil que toi les mêmes choses….mais cette année il me semble qu’il s’est endurci pas au point de taper mais de répondre avec confiance
20/09/2015 à 11:52
(j’avais répondu à ton commentaire et puis je ne sais pas ce qui s’est passé, je reviens, plus de réponse…)
Donc en gros je te disais que moi aussi j’ai eu envie de crier à ma fille de mettre une claque à certains gosses. Mais quand on y pense bien, ça arrive généralement quand aucun adulte ne reprend le gosse en question, du coup c’est à l’adulte qu’on a envie de mettre des claques !
Mais non, on se retient et on sourit 😉
18/09/2015 à 11:33
J’hallucine en lisant les réflexions que tu as entendues, c’est vrai ?! Je suis tout à fait en phase avec ce que tu écris, j’espère faire de même le moment venu ! Pour le moment Pierre est encore petit et je n’ai pas eu à gérer ce type de situations…
18/09/2015 à 15:33
Eh oui, chacun sa conception de l’éducation. Certains estiment que pour que leur enfant ne se fasse pas taper, il vaut mieux lui apprendre à taper plus fort que les autres… C’est dommage, mais voilà à quoi sont confrontés nos enfants…
Je ne suis pas encore confronté à ce problème avec Petit O’, mais cela viendra bien assez tôt !
18/09/2015 à 17:54
Mon fils se met très en retrait par rapport aux autres enfants aussi. Depuis tout petit, il ne défend pas ses droits et sa place. Ce n’est pas facile de lui apprendre, surtout que la majorité des intéractions sociales qu’il vit avec les autres enfants se fait à la crèche et à l’école, là où nous n’y sommes pas!
Petit à petit j’essaie de lui donner des “armes” comme toi. Je lui dis que, lorsqu’un enfant veut lui prendre son jouet/sa place, il peut lui répondre “non, pas tout de suite, quand j’aurais fini mon tour, tu pourras”. J’essaie en fait de lui donner des phrases clés, qu’il pourra se rappeler, malheureusement j’ai peu de visibilité sur l’impact et l’application!
19/09/2015 à 13:38
C’est vrai que c’est difficile de les aider quand leur vie collective se fait sans nous.
De mon côté, j’essaye d’emmener ma fille au parc régulièrement pour la voir interagir avec les autres et lui donner des conseils. Et quand je vais la chercher à la crèche, je la laisse toujours jouer quelques minutes pendant que je parle de sa journée avec le personnel. Je la regarde du coin de l’œil et cela m’aide à voir comment elle se place au milieu des autres !
18/08/2016 à 12:05
[…] ! ). Cela me semble tout à fait suffisant pour le moment. Elle apprend à vivre avec les autres, à les respecter et à se faire respecter. Et lorsqu’un conflit apparaît il y a toujours un adulte pour aider les enfants à le […]